Splendeurs et misères du féminisme

Honoré de Balzac (1799 – 1850) a beaucoup aimé les femmes.
Il les a courtisées, observées, écoutées. Pourtant, il a eu son lot de déconvenues. Plutôt laid, gros, aux façons rustiques, ambitieux mais constamment fauché, il séduisait par le Verbe : avoir un Grand Ecrivain dans son salon, c’est chic. De là à le mettre dans son lit… Il ne parvenait pas toujours à ses fins avec les femmes bien nées. Car, né roturier (son père fait ajouter la particule en 1802), Balzac bichait pour les aristocrates, les minois à particule.
Madame de Berny, de 22 ans son aînée, a été son premier amour, sa muse, sa maîtresse, sa grande sœur, et même sa correctrice de romans. Il a affirmé l’avoir toujours aimée : c’est ce qu’on dit de celle qui pardonne tout…
Madame de Castries lui a fait longuement miroiter les délices d’une romance finalement refusée : jamais il n’a accédé à son lit. Son dépit l’aurait inspiré pour écrire « La duchesse de Langeais », l’histoire d’une bêcheuse du Faubourg Saint-Germain qui se refuse à l’homme qu’elle aime…
Madame Hanska, issue de la noblesse polonaise, a dragué Balzac en le bombardant de courriers admiratifs. Elle se donne à lui mais les tête-à-tête sont rares : elle est mariée. C’est promis, elle deviendra son épouse dès qu’elle sera veuve, le mari étant aussi âgé que riche. En attendant, Balzac travaille d’arrache-pied, tandis qu’elle voyage de Suisse en Italie, pas pressée de rentrer. De Balzac elle aime surtout les lettres, peut-être un peu moins la chair pléthorique… Leur histoire dure quinze ans, le plus souvent à distance. Forcément, Balzac vit d’autres romances, promet d’autres éternités. Ça ne l’empêche pas d’entretenir le lien avec sa très riche Ewelina Hanska, notamment parce qu’il rêve – ça arrive aussi aux hommes ! – d’une vie délestée des soucis d’argent. Pour éponger ses dettes perpétuelles, il a souvent demandé qu’on lui présente « une femme riche de deux cent mille francs, ou seulement de cent mille, à condition que la dot puisse être rendue liquide pour mes affaires »…
Madame Hanska enfin veuve en 1841, Balzac exulte. Mais elle en sait trop sur ses nombreuses « infidélités », à moins qu’elle n’ait rêvassé à ce mariage sans le souhaiter vraiment… Elle atermoie. Le voilà vexé et amer. Elle vit en Ukraine, il va la rejoindre et arrache enfin l’union, célébrée le 14 mars 1850. Ils rentrent à Paris, mais leur mariage est comme un fantasme qu’il aurait mieux valu ne pas réaliser : Balzac tombe malade, et meurt le 18 août 1850.

L’écrivain a puisé dans sa vie amoureuse mille et un portraits animant ses romans. Sans régler de comptes ni rien idéaliser, il s’en tient farouchement au réalisme pour décrire les relations humaines : parfois sublimes et souvent misérables, parfois comiques et souvent mesquines, banalement tragiques, harmonieuses par exception; le bonheur existe, il arrive à certains de le côtoyer un temps.

Audacieux précurseur, fidèle à sa mission de tout montrer, Balzac s’est longuement penché sur la condition féminine. Il ose évoquer les mariages ratés, la violence d’une nuit de noce pour une jeune ignorante, le désespoir solitaire d’une vieille fille, d’une jeune veuve ou d’une épouse trompée. Ça ne l’a pas empêché de décrire par le menu la bêtise, la cupidité, la duplicité ou les talents de manipulation de certaines. Entre ses lignes court toujours un sourire : se moquer des autres c’est se moquer de lui-même, embarqué comme tout un chacun dans la vaste « Comédie humaine », titre sous lequel il a regroupé l’essentiel de son œuvre.
Il fignole ses personnages avec l’amour d’un entomologiste exposant sur planches sa collection complète. Il y a des beaux et des laids, des idiotes et des crétins, des aimables et des monstres, des prudents et des flambeurs, des honnêtes gens sans charme, des séducteurs roués, des humiliés devenus retors, des bourgeois naïfs et attendrissants, de jeunes ambitieux qu’on a envie d’aimer, des aristocrates ruinés pour une cocotte, des gens de maison, des espions, des bagnards, des prêtres carriéristes… Tous les métiers, toutes les conditions sont là. Les vêtements et les manières ont changé, l’âme humaine n’a pas varié.

Parfaitement respectueux de la parité hommes/femmes, Balzac admire ou écorne avec un même entrain les deux sexes, et cette lucidité est tellement juste, si drôle à lire, si libératrice qu’on se demande si Balzac aurait pu être édité en 2024. Lui pardonnerait-on par exemple d’évoquer aussi franchement, bien avant Houellebecq, le pouvoir social des jolies femmes ?
« Les femmes, les jolies femmes posées, comme l’est madame de Sérisy, sont les enfants gâtés de la civilisation française. Si les femmes des autres pays savaient ce qu’est à Paris une femme à la mode, riche et titrée, elles penseraient toutes à venir jouir de cette royauté magnifique. Les femmes vouées aux seuls liens de leur bienséance, à cette collection de petites lois déjà nommée assez souvent dans la Comédie humaine, le Code Femelle, se moquant des lois que les hommes ont faites. Elles disent tout, elles ne reculent devant aucune faute, devant aucune sottise : car elles ont toutes admirablement compris qu’elles ne sont responsables en rien dans la vie, excepté leur honneur féminin et celui de leurs enfants. Elles disent en riant les plus grandes énormités. A propos de tout, elles répètent ce mot dit par la jolie madame de Bauvan dans les premiers temps de son mariage à son mari qu’elle était venue chercher au Palais : « Dépêche-toi de juger, et viens ! » ».

Toutes « dominées » que soient les femmes à cette époque, Balzac restitue aux épouses la part de réussite de leur conjoint, telle Madame Camusot, meilleur conseiller de son mari magistrat, « de qui elle jouait comme d’un instrument ».
Il sait que « dans les grandes occasions où il s’agit d’avancement d’après tel ou tel parti pris, beaucoup de femmes ont assisté, comme Amélie, à la délibération du magistrat. Enfin, ces exceptions, d’autant plus niables qu’elles sont toujours inconnues, dépendent entièrement de la manière dont la lutte entre deux caractères s’est accomplie au sein du ménage. Or, madame Camusot dominait entièrement son mari. « 
Le mari en est d’ailleurs éperdu de reconnaissance : « Je ne suis qu’un bonnet, tu es la tête. ». « Je devrais baiser la marque de tes pas », « Amélie ! tu me sauves ! »
Hommages auxquels sa femme répond :
« C’est moi qui t’ai remorqué d’Alençon à Mantes, et de Mantes au tribunal de la Seine, répondit Amélie. Eh ! bien, sois tranquille ! … je veux qu’on m’appelle Madame la présidente dans cinq ans d’ici ; mais, mon chat, pense donc toujours pendant longtemps avant de prendre des résolutions. »

Balzac s’amuse des homosexuels agacés par les hétérosexuels, tel Vautrin s’exclamant : « Les hommes assez bêtes pour aimer une femme périssent toujours par là !… C’est des tigres en liberté, des tigres qui babillent et qui se regardent dans des miroirs… »
Il se moque des grands passionnés qui, comme Lucien de Rubempré, en deviennent invivables : « La passion d’un poète devient alors un grand poème où souvent les proportions humaines sont dépassées. Le poète ne met-il pas alors sa maîtresse beaucoup plus haut que les femmes veulent être logées ? … Il use pour lui -même de la baguette avec laquelle il touche toute chose pour la faire merveilleuse, et il grandit ainsi les voluptés par l’adorable monde de l’idéal. Ainsi cet amour est-il un modèle de passion : il est excessif en tout, dans ses espérances, dans ses désespoirs, dans ses colères, dans ses mélancolies, dans ses joies. »
Et aussi des cocottes blasées, qui se plaignent, comme « la Val-Noble », de ce que le type qui les entretient garde son flegme en toute circonstance, même au lit : « le misérable m’appelle toujours madame, et garde le plus beau sang-froid du monde au moment où tous les hommes sont plus ou moins gentils. L’amour, tiens, ma foi, c’est pour lui, comme de se faire la barbe. Il essuie ses rasoirs, il les remet dans l’étui, se regarde dans la glace, et a l’air de se dire : Je ne me suis pas coupé. »
Et aussi des vieux banquiers aussi riches qu’obèses, qui tombent follement amoureux d’un visage entr’aperçu et engloutissent leur fortune dans ce dernier rêve. Tel le baron de Nucingen qui s’agenouille devant sa fuyante Esther, et lui promet « un bel équipage, le plus joli de Paris. Tout ce que le luxe a de plus charmant, vous entourera. Une reine ne sera pas plus riche que vous. Vous serez respectée comme une fiancée d’Allemagne : je vous veux libre… ». Pour une unique nuit d’amour attendue des mois, ce benêt se ruinera et supportera des sobriquets désobligeants, « bichon d’éléphant » ou « gros scélérat ».
Balzac rend hommage à l’épouse trompée, Madame de Nucingen, impériale témoin de la passion de son mari. Elle rit et ne s’en formalise pas, parce qu’elle s’en fout, parce qu’elle le sait impuissant, ou parce que l’essentiel à ses yeux est qu’il ne divorce pas. Voyant son rougeaud d’époux apprêté pour sortir, les favoris et les cheveux teints, elle lui balance :
« Mon Dieu, êtes-vous ridicule !…Mais mettez donc une cravate de satin noir, à la place de cette cravate blanche qui fait paraître vos favoris encore plus durs ; et d’ailleurs c’est empire, c’est vieux bonhomme, et vous vous donnez l’air d’un ancien conseiller au Parlement. Otez donc vos boutons en diamant, qui valent chacun cent mille francs ; cette singesse vous les demanderait, vous ne pourriez pas les refuser ; et, pour les offrir à une fille, autant les mettre à mes oreilles. »
Ailleurs, une cantatrice explique à une baronne pourquoi les maris sont volages : « …eh ! bien, si vous aviez eu, voyez-vous, une peu de notre chique, vous l’auriez empêché de courailler ; car vous auriez été ce que nous savons être : toutes les femmes pour un homme. Le gouvernement devrait créer une école de gymnastique pour les honnêtes femmes ! Mais les gouvernement sont si bégueules !….ils sont menés par les hommes que nous menons… »
Epouses, apprenez à faire des cochonneries, vos maris seront plus fidèles….

Balzac fait son miel des mille et unes nuances d’un esprit étroit. Mademoiselle Gamard, vieille fille un peu sotte, loge le curé Birotteau, lui-même un peu benêt. Birotteau « ne pouvait, comme beaucoup de sots, supporter l’ennui que lui causaient d’autres sots. Les gens sans esprit ressemblent aux mauvaises herbes qui se plaisent dans les bons terrains, et ils aiment d’autant plus être amusés qu’ils s’ennuient eux-mêmes
« Sans trop sonder le vide, la nullité de mademoiselle Gamard, ni sans s’expliquer la petitesse de ses idées, le pauvre abbé Birotteau s’aperçut un peu tard, pour son malheur, des défauts qu’elle partageait avec toutes les vieilles filles et de ceux qui lui étaient particuliers. »


La naissance d’un amour est un sujet d’étude qui n’égare pas Balzac : il connaît son coeur humain sur le bout des doigts. Cet espoir fantasmé qui enfle dans le cœur du jeune Gaston de Nueil, coincé au fond de la Normandie, pour la mystérieuse Madame de Beauséant, est aussi émouvant qu’artificiel. Il ne l’a encore jamais vue, mais sa seule existence soulève « un monde nouveau ; près d’elle sans doute il y avait à craindre, à espérer, à combattre, à vaincre. ». « Il était absorbé par mille fantaisies. Existe-t-il d’autre mot pour exprimer les attraits d’une aventure au moment où elle sourit à l’imagination, au moment où l’âme conçoit de vagues espérances, pressent d’inexplicables félicités, des craintes, des événements, sans que rien encore n’alimente ni ne fixe les caprices de ce mirage ? »
Ou comment tomber amoureux de l’idée de l’amour…
Balzac compatit au sort d’une jeune épouse, qui découvre avec désolation ce que recouvre le mystérieux devoir conjugal : son couillon de mari, qu’elle a pourtant choisi, a des façons de soudard. La pauvre femme subit ses assauts en martyre. « Un vrai lansquenet. L’égoïste ! », s’exclame une vieille parente qui a tout compris.
Le mari maladroit est cependant « modeste au logis. Il y sentait instinctivement la supériorité de sa femme ». Ce qu’elle déplore car « il est bien plus beau d’obéir à un homme de talent que de conduire un sot ». (On dirait du Carla Bruni).
Toute la bonne société chuchote dans son dos car « la cause de souffrance n’était un secret pour personne. Toujours jeune fille, en dépit du mariage, les moindres regards la rendaient honteuse. »
Docteur Balzac, sexologue, thérapeute de couple, et même « militante » quand il fait dire à cette mal mariée :
« Le mariage, institution sur laquelle s’appuie aujourd’hui la société, nous en fait sentir à nous seules tout le poids : pour l’homme la liberté, pour la femme les devoirs. Nous vous devons toute notre vie, vous ne nous devez de la vôtre que de rares instants. Enfin l’homme fait un choix là où nous nous soumettons aveuglément. (…) Le mariage tel qu’il se pratique aujourd’hui me semble être une prostitution légale. »
Un jeune Anglais va tomber amoureux de cette femme, car « il y a beaucoup d’hommes dont le cœur est puissamment ému par la seule apparence de la souffrance chez une femme : pour eux la douleur semble être une promesse de constance ou d’amour. »
Comme dit son mari, qui ne comprend décidément rien à ce qui se joue sous son nez :
« Vous épousez une jolie femme, elle enlaidit ; vous épousez une jeune fille pleine de santé, elle devient malingre ; vous la croyez passionnée, elle est froide (…). Tantôt la créature la plus douce est quinteuse, et jamais les quinteuses ne deviennent douces ; tantôt l’enfant que vous avez eu niaise et faible, déploie contre vous une volonté de fer, un esprit de démon ; je suis las du mariage. »

Pour une étude détaillée de la vacherie féminine, je recommande « La cousine Bette ». Ou les agissements méthodiques d’une vieille fille laide, Lisbeth dite Bette, pour détruire une famille dont elle ne supporte pas les bonheurs. Et on rit, on la déteste autant qu’on la comprend… Il y a du Molière dans les dialogues, du Feydeau dans les rebondissements, une galerie de personnages à la Daumier, et comme souvent chez Balzac, un cas pratique de droit de la famille et droit bancaire combinés, digne d’un examen blanc au Barreau.
On croise beaucoup de notaires et d’avoués dans Balzac, qui, comme lui, observent sans fard « des mères dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes tuant leurs maris et se servant de l’amour qu’elles leur inspiraient pour les rendre fous ou imbéciles, afin de vivre en paix avec un amant. (…) des crimes contre lesquels la justice est impuissante. Enfin, toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité. »

Car l’argent était déjà une composante de la vie, ça n’a pas changé, et Balzac parle de sa puissance, de son attrait, de sa toxicité avec la même franchise et le même humour que pour parler d’amour.

Hélas… on ne plaisante plus en 2024. Dans les romans, les films, séries télé ou «podcasts » documentaires, tout portrait de femme doit être positif, attendri, compatissant, admiratif. Le « personnage féminin » n’a aucun défaut ni tort mais doit encaisser de nombreuses déceptions et humiliations ; si elle réussit quoique ce soit, c’est une revanche sur tout le mal que la société patriarcale lui veut. Ses travers, manies et faiblesses sont forcément le symptômes d’un diagnostic physio-psycho-psychiatrique, qu’il faut accueillir avec bienveillance. Il ne faut pas la qualifier physiquement – ce serait discriminant, et ne jamais oublier qu’elle est au moins égale, voire supérieure aux hommes qu’elle doit, hélas, subir.

« La trilogie de Copenhague » est la magnifique autobiographie de Tove Ditlevsen, poétesse et romancière danoise née en 1917, suicidée en 1976. Elle raconte avec sensibilité et humour sa vie souvent douloureuse, son parcours de pionnière des années 30 et 40. Avec une remarquable honnêteté, elle décrit la pauvreté matérielle et affective de son enfance, comme elle s’y sentait coincée et seule, n’ayant qu’une ambition jugée démesurée : écrire. De nombreux hommes l’ont aidée, sensibles à son talent et à sa singularité. C’est bien grâce à des hommes qu’elle a pu se faire publier, devenir mère (ce qu’elle a d’abord souhaité ardemment), plus tard se faire avorter (illégalement à l’époque), divorcer, travailler, intégrer des clubs d’écrivains. Ces mêmes hommes qui endurent d’être trompés, délaissés, quittés par elle – y compris le père de sa fille, dont elle décrit la tristesse, qu’elle entretient parfois, ayant réussi à vivre de sa plume. Elle admet avoir épousé son premier mari comme on s’offre la clef d’un monde convoité, par fascination pour son statut d’homme de lettres. Elle admet avoir oublié son diaphragme lors d’un rapport désiré avec un type inconnu une nuit de fête, risquant une grossesse. Lors de son second divorce, qu’elle a provoqué, elle précise avoir obtenu l’appartement de son mari, obligeant ce dernier à retourner vivre chez sa mère. A son troisième mari, médecin, elle réclame une substance opiacée découverte lors d’une anesthésie. Elle lui ment, simule des douleurs, le supplie pour obtenir des piqûres, tandis qu’il renâcle et l’incite à la prudence. Oui, il l’entretient ensuite dans une terrible dépendance dont elle manque crever de peu, mais comme elle le note : « je me dis que moi-même j’ai ma part de culpabilité et la colère disparaît. » Elle couche avec celui qui sera son quatrième mari une heure après l’avoir rencontré, pour elle il quittera femme et enfant, tandis qu’elle-même néglige les siens, élevés par la nounou. Elle revendique un égoïsme terrible, un droit à l’amour, « qui est toujours le droit de faire du mal aux autres ». Elle est pénible, touchante, exigeante, envahissante, talentueuse, pas toujours supportable. Et c’est très bien comme ça.

Mais, rien à faire, l’éditeur de la version française résume ainsi le volume III :
« Tove est désormais une poétesse publiée et reconnue, mais c’est avec les aléas des relations conjugales qu’elle doit maintenant composer. La jeune femme apprend, de la plus dure des manières, que le monde des femmes n’est décidément pas celui des hommes. Sa soif insatiable de liberté et son ambition littéraire vont se heurter aux exigences de ses maris successifs, aux grossesses non désirées et à une dépendance destructrice qui finira par l’occuper toute entière.
Avec une honnêteté bouleversante, Tove Ditlevsen dissèque ici la tragédie d’une existence féminine prise au piège du bon vouloir des hommes et de l’addiction, et raconte comment on peut s’en sortir malgré tout
. »
Quel navrant contresens ! Quel anachronisme indigne ! Plaquer un féminisme victimaire, c’est un réflexe stupide et un marketing douteux qui dénature le propos, et nie la liberté fondamentale que Ditlevsen a justement vécue et exprimée. Y compris la liberté d’avoir été cruelle ou imprudente, et de le formuler avec intelligence.

Faire d’une femme forte une victime, voilà une trahison vraiment humiliante pour une femme.

Une seule chose est certaine : on croise partout des types pénibles, stupides et agressifs, possiblement nuisibles. Et autant de femmes insupportables. La perversion et la noblesse de cœur, la bêtise et la finesse sont bien réparties entre les sexes.
Mais, c’est bizarre, ce n’est jamais de cette égalité dont on parle.
Pour tout homme ou femme, il a toujours été mieux d’être riche, beau et bien portant, que pauvre, moche et malade. La vie est inégalitaire, ce n’est pas moi qui le dit, c’est Coluche :
« Dieu a dit : il y aura des hommes blancs, des hommes noirs, il y aura des hommes grands, des hommes petits. Il y aura des hommes beaux, des hommes moches et tous seront égaux, mais ça sera pas facile. Et il y en aura qui seront noirs, petits et moches, et pour eux ce sera très dur ».
Là où la femme est caissière à temps partiel, auxiliaire de vie la nuit, agent de propreté, l’homme est ouvrier du BTP, manutentionnaire, agent de propreté.
Là où la femme est vendeuse, assistante maternelle ou technicienne de laboratoire, l’homme est adjudant, ouvrier forestier, couvreur, ouvrier métallurgiste, métiers gravement accidentogènes.
Là où les petites filles sont excisées, vendues comme bonniches et engrossées à peine nubiles, les petits garçons sont enfants-soldats, analphabètes, vendus aux mafias, prostitués.
Mais il est entendu qu’à même condition sociale, c’est forcément pire pour les femmes. Système patriarcal, masculinité toxique, manspreading, charge mentale, stéréotypes de genre, culture du viol, tout ça. Ce qui justifierait l’interminable revanche teigneuse d’aujourd’hui, histoire d’égaliser le score.

Depuis « La Femme de trente ans », notre situation s’est pourtant sacrément arrangée.
Nous autres femmes avons acquis une autonomie complète, la liberté de travailler/ voter/ entreprendre/ enfanter ou non/ divorcer… Nous pouvons tout faire, comme un vrai mec.
Finie l’obligation de supporter un mari revêche ou violent, ses assauts malhabiles et les grossesses subséquentes, son silence dédaigneux, ses ordres… Le célibat n’est plus une tare, plus besoin d’entrer au Carmel pour avoir la paix. On peut vivre entre filles en détestant les hommes, c’est possible et même très bien vu !
On peut faire carrière, se lancer comme un homme. Devenir comique pour radio publique, candidate professionnelle de téléréalité, influenceuse qui revendique son inculture et sa vanité, s’exhibant ad nauseam sur les réseaux sociaux. On peut faire fortune de sa vacuité, et partir vivre à Dubaï. Victoire.
On peut enfin et surtout décrocher, nous aussi, un diplôme de troisième cycle à l’intitulé pompeux et creux, signer pour un boulot inepte sous les ordres d’un supérieur rogue et stupide, et s’humilier chaque jour pour toucher son gros bonus. On peut même, on est cap’, devenir nous-même des supérieures rogues et stupides. Fonctionnaire territoriale inutile, ingénieure informatique en télétravail, architecte de logements moches, commerciale pour produits toxiques, consultante grassement payée par le gouvernement pour aider à justifier l’éolien, la suppression de lits d’hôpitaux ou une vaccination inutile obligatoire, journaliste payée à nier le réel, porte-parole d’un gouvernement qui ne gouverne pas… On peut être femme et Ministre de la Santé en temps de Covid, ça s’est vu ! Réalisatrice de films pornos ! Préfète imposant des centres d’accueil dans les campagnes ! Membre de l’Arcom, du Conseil constitutionnel ou d’une « autorité indépendante » !
C’est quand même chouette, le progrès.

La société l’a compris : les femmes sont parfaitement aptes à tenir les postes les plus prestigieusement inutiles, fantoches, corruptibles, et les voici enfin promues : Ursula Van der Leyen, Christine Lagarde, Christiane Taubira, Sibeth Ndiaye, Agnès Buzyn, Sandrine Rousseau, Elisabeth Borne, Amélie Oudéa-Castéa, Caroline de Haas, quelques exemples parmi tant d’autres… Justice ! Aussi dangereuses que les mecs. Mentant avec le même aplomb. Acceptant des ministères auxquels elles ne connaissent rien. Aboyant des phrases creuses pour déguiser l’incompétence en audace. Prônant la paix et votant la guerre, prônant la mixité sociale et planquant leurs enfants dans un chic lycée privé. Revendant très cher leur carnet d’adresses aux secteurs privés les plus lucratifs. Elles en sont capables. Parité !
Balzac ne dit rien d’autre : un homme peut être affublé de tous les défauts qu’on voudra, une femme aussi bien. Le penser est devenu risqué, le dire est une provocation.

Décembre 2024 : message du gouvernement. Sur les plateformes et réseaux, un petit film rappelle aux hommes que dire à une femme : « T’es mignonne, je te raccompagne ? » est un outrage sexiste et sexuel, punissable d’une amende pouvant aller jusqu’à 3750 euros, et que « Non, ce n’est pas juste de la drague ».
Ah. Si mon gouvernement l’affirme.
Précisons d’emblée : la femme n’est pas une enfant, ni même une très jeune fille, ce qui serait radicalement différent et dans ce cas, une sanction bien insuffisante.
C’est un film destiné aux adultes, censé nous entrer dans le crâne ce que sont les « VSS » (violences sexistes et sexuelles). Et toute question, toute nuance, toute critique de l’angle d’approche sont interdites.
Par exemple : remarquer que dans cette vignette, l’homme est blanc, vêtu proprement, qu’il parle à haute voix, sans menace ni ricanement. Qu’il fait jour, qu’il est seul et ne la suit pas, et que ça ne correspond pas du tout à la réalité du métro ou de certains quartiers, quand un type d’un tout autre style susurre une obscénité dans votre dos, vous suit d’un oeil mauvais.
Remarque interdite, pleine de sous-entendus inadmissibles.

Le 9 juin dernier s’est clôturée la commission d’enquête parlementaire «relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité » : une litanie de récits désolés et désolants de comédiennes « victimes d’un système » : domination économico-masculine, comportements obscènes tolérés voire soutenus par les équipes, castings humiliants, etc.
Les membres de la commission, présidée par Sandrine Rousseau, ont écouté, pétrifiés de réserve respectueuse, s’interdisant toute question qui aurait pu instiller le moindre doute. Toute question, donc.
Metteurs en scènes, journalistes ou acteurs culturels ont été autrement cuisinés, mais les auto-proclamées victimes, pas touche. Comme au temps du Covid, la nuance et l’interrogation sont violemment réprouvées.
Les « VSS » sont un label, incompatible avec toute mise en perspective, tentative de précision, sous peine de confirmer que le fascisme est à nos portes, que le mâle blanc hétérosexuel prépare bien un horrible « backlash »…
Remarquer seulement qu’un bisou dans le cou ne vaut pas viol par pénétration : interdit, déplacé, scandaleux. Ne parlons pas du vague geste d’un homme se dirigeant « tête baissée, la main tendue en direction du sexe » d’une femme en jean. Ça se passait en boîte de nuit à la mode, dont l’accès difficile est réservée au showbiz et aux mannequins, à l’heure où la piste était bondée. On sait bien qu’on va dans ces endroits puiser silence et recueillement, se couper des autres et méditer chastement. On doit pourtant croire la plaignante, écouter sa douleur, sa rage, si elle pleure c’est bien une preuve ? Aucun témoin de l’horrible geste, malgré le monde et le service de sécurité, mais elle ajoute que le type, bourré, avait des yeux inquiétants. Condamnation pénale ! Casier ! Surtout qu’il s’agit d’un cinéaste à succès, au sourire agaçant et à l’humour acide : ce n’est pas une motivation juridique, non, mais tant pis.


Douter de l’existence du « continuum » de violence, qui relierait d’un trait la blagounette sexiste au féminicide, le compliment vestimentaire au harcèlement sexuel, la tentative de rapprochement au viol sordide : interdit. Ce concept est homologué par des publications savantes, rabâché aux forces politiques et judiciaires : pas touche.
Parler d’un autre « continuum de violence », celui qui relie la petite délinquance de banlieue à la grande criminalité (trafic de drogue, meurtres et agressions violentes, viols, coups et blessures sur femmes, radicalité djihadiste, ou simple financement / soutien logistique façon « Jawad le logeur de Daech ») : interdit. Choquant.

Anna Mouglalis, 46 ans, raconte à la commission parlementaire, de sa voix si délicieusement particulière, les avanies récurrentes de son métier. Jeune, elle a su se refuser à un Gérard Miller menaçant. Plus tard, mieux informée sur l’univers du cinéma, elle a souvent eu à tourner des scènes de sexe, crues ou violentes : « Forte de ces expériences, je me suis retrouvée sur un autre tournage où il y avait une scène, à nouveau, de représentation de la sexualité, avec trois caméras… c’était un rôle de prostituée…»
Là encore, les questions sont inconvenantes.
Pourquoi, « forte de son expérience », n’a-t-elle pas refusé un énième rôle « de représentation de la sexualité » ? (autrement dit une scène de cul). Elle raconte en avoir tourné une tripotée. Comment une comédienne expérimentée peut-elle « se retrouver » sur un tel tournage, comme à l’insu de son plein gré ? Il faut bien que son agent lui ait transmis un scenario, qu’elle l’ait lu, qu’elle se soit présentée à des essais. Essais dont elle dit :
« Très souvent, quand on est une jeune femme, on nous demande de venir pour des rôles de femmes dites séduisantes. On décroche le rôle quand le réalisateur est séduit, mais nous on n’est pas venue pour séduire. »
Ça la surprend vraiment ou elle fait semblant ?
Pour obtenir le rôle d’une femme séduisante, une comédienne doit convaincre le réalisateur de sa capacité à séduire le public : quel est l’intérêt d’une scène érotique si elle n’est pas troublante voire excitante, au moins émouvante ? Qui d’autre que le réalisateur, d’abord, pour en juger ? En toute partialité, oui, forcément, comme il juge de la compatibilité de la comédienne avec le personnage.
Une comptable, pour se faire embaucher, doit séduire aussi, c’est à dire inspirer confiance, rigueur, ce qu’on attend d’une comptable, quoi. Une traductrice devra convaincre de sa maitrise des langues, et de sa capacité à traduire sans trahir l’esprit d’un texte, etc.
Notez le nombre de comédiennes qui souffrent qu’on ne leur propose plus de rôles de femmes séduisantes, et s’emploient à gommer leur âge par tous moyens. D’autres en ont marre de jouer les revêches ou les comiques, et aimeraient beaucoup qu’on découvre leur capital de séduction.

Mouglalis souffre d’inspirer trop souvent une forme primaire de féminité. Notre physique, malgré nous, inspire ceci ou cela, qui nous échappe ou dont nous jouons, un peu des deux. C’est dégueulasse ? Absolument.
C’est injuste, partial, caricatural, ça fige une nana dans un « emploi », ça grossit le trait d’une personnalité, eh oui. « Le cinéma est un art vénal et vulgaire pour un monde vénal et vulgaire », disait la critique américaine Pauline Kael.
Pourquoi y aller, alors ?
Pourquoi accepter des scenarios bourrés de scènes crues ou violentes, pourquoi travailler avec tel réalisateur dont on connait les lubies, la filmographie obsessionnelle ? Sans compter tous ces salopards de techniciens et de comédiens qui se soutiennent entre machos, picolent et parlent mal aux filles du plateau.
Pourquoi ne pas boycotter un univers aussi merdique ? Ou tout au moins décider de refuser d’emblée tout scenario à scène de sexe?

Francis Renaud, comédien et réalisateur, a fait le terrible récit de sa douloureuse descente aux enfers, sanctionné par le milieu, dit-il, pour avoir refusé et révélé des abus ou tentatives d’abus sexuels, sur lui ou d’autres. Les hommes sont donc parfois visés, et certaines réalisatrices se comporteraient aussi mal que les hommes… On le croit !
Grand gaillard hétéro, autrefois gueule troublante désormais empâtée de chagrin, 57 ans au moment de son témoignage, Francis Renaud persiste à considérer, les larmes aux yeux, que jouer est le plus beau métier du monde.
Sans parler des réalisateurs détraqués, est-il permis de réfléchir aux ressorts intimes de ce métier ? Ce qui en constitue l’essence ?
Dans ces flots d’amertume et d’indignation, personne pour se demander ce qui pousse exactement une jeune personne à devenir comédien(ne), même s’il lui faut se dénuder, offrir son corps aux caméras, son mental à un réalisateur, son image au monde entier, en plans serrés. Plus d’un comédien l’a dit : leur activité dépend totalement du désir (au sens le plus large) qu’ils suscitent ou non chez les réalisateurs. Toutes et tous attendent d’être « choisis », et pour des raisons beaucoup plus irrationnelles que dans tout autre métier. C’est forcément déstabilisant, mais on ne trouve personne pour interroger le péril inhérent à cette ambition, validée voire soutenue par des parents cupides, ou naïfs, ou indifférents. Parfois la mère, projetant sur sa fille une gloire rêvée, la traîne elle-même dans des castings, ça s’est vu.

Personne pour se demander comment inculquer aux apprenties comédiennes, en amont de la catastrophe, une exigence esthétique, intellectuelle, morale (allez, osons), un meilleur instinct pour choisir ses projets. Le plus désolant est que le cul, au cinéma, c’est souvent pénible, fastidieux voire comique, inutilement voyeur et rarement crédible : tout ça pour ça….
Il y a des exceptions. Marina Hands peut se vanter d’avoir porté le bouleversant « Amant de Lady Chatterley » de Pascale Ferrand, film raffiné et sensible, pudique jusque dans les scènes les plus explicites. Question de culture, de talent, peut-être ? Tout bêtement.

Parmi les gamines lancées dans cette carrière comme des enfants-kamikazes sacrifiées, personne ne semble remarquer combien ont révélé avoir été maltraitées enfant, abusées, avoir poussé seules. Judith Godrèche, Maïwenn le Besco, Emmanuelle Béart, Audrey Dana, Isabelle Carré, Vahina Giocante, Adèle Haenel, et aussi Francis Huster, Patrick Dewaere…. ont confié avoir été des enfants victimes. De parents absents ou violents, défaillants, voire agresseurs sexuels ou incestueux. Francis Renaud, enfant non désiré, a dit avoir été longuement humilié par son beau-père.
Adèle Haenel aurait rompu avec ses parents qui n’ont rien su ou voulu voir du temps qu’elle passait avec un homme adulte aux intentions très floues : elle aurait pu les traîner en justice, eux aussi, eux d’abord, par ordre chronologique de responsabilité. Mais, comme Judith Godrèche, elle préfère accuser « la société entière » : vous et moi sommes sommés de nous expliquer, de nous excuser, de nous amender.
Je ne me sens pas visée : si j’avais été sa mère, comme je l’ai fait pour ma fille, je l’aurais énergiquement dissuadée d’exercer ce métier, qui entame trop souvent l’intimité et l’équilibre mental, et l’aurais au moins incitée à attendre. Le temps de boucler des études, d’acquérir des repères moraux (pardon, remarque fasciste, ohlala pardon), une personnalité propre, une expérience adaptée à son âge, des connaissances académiques ou pratiques mais en tout cas obtenues par une étude régulière et approfondie, sanctionnées par une reconnaissance officielle. Toutes choses offrant une autonomie psychique et économique, et par là-même l’équipement minimal pour se soustraire à tout abus masculin, et si possible les renifler en amont.
Lorsque Judith Godrèche était la bien trop jeune compagne de Monsieur Jacquot, une bonne part de la « société entière », incarnée par des pères et mères de famille, bons bourgeois banals, citadins ou paysans, trouvait ça en effet répugnant, dégueulasse, propre à ce milieu du cinéma propice à toutes les perversions. Et se demandaient ce que foutaient les parents, dont le rôle est de protéger et anticiper.
Mais ces gens-là n’avaient pas le numéro de téléphone de Monsieur Jacquot, et surtout, leur désapprobation était moquée, jugée réac, facho, catho, ça ne pouvait venir que de pauvres ploucs incultes et étroits d’esprit, votant à droite. L’autorité parentale, la minorité sexuelle : has been, ringard.

C’est une des contradictions du féminisme actuel : il vomit le patriarcat, la puissance du père, son pouvoir d’opposition à ses enfants. Mais quand un père (comme l’a fait celui de Judith Godrèche) émancipe juridiquement sa fille de 15 ans et bénit sa romance avec un réalisateur de 45 ans, ignorant sa solitude et sa détresse, la laissant démarrer sa vie sans formation intellectuelle sinon celle dispensée par son mentor, alors le féminisme hurle contre la société, la culture du viol et… le patriarcat.
Si le patriarcat avait été si puissant, Judith Godrèche aurait pris une paire de baffes et serait retournée faire ses devoirs dans sa chambre. Elle s’en trouverait mieux aujourd’hui, mais au lieu de l’admettre, elle préfère accuser le « système », en faire une mini-série, et y faire jouer sa fille…

Marguerite Stern, ex-militante Femen, a raconté dans une interview qu’elle vivait avec un homme violent alors même qu’elle créait les collages contre les féminicides, et que son activisme radical lui permettait d’y jeter sa colère, comme nombre de ses comparses militantes. Elle a, depuis, été « réparée » : soignée, écoutée, accompagnée. Elle a réfléchi à qui elle était. Cette prise de conscience lui a permis de passer du « toutes victimes/salauds de mecs/société de merde » à « j’ai été victime, ça arrive, il faut m’aider, mais ce n’est pas systématique ».
Cette nuance fondamentale à laquelle elle s’astreint, refusant « la contagion émotionnelle » et de « s’entretenir dans la haine des hommes », et tout le réalignement de pensée qui s’ensuit lui sont violemment reprochés par la gauche dans son ensemble.
Et pour cause : elle s’est nettement rapprochée de la droite, et s’en porte très bien.
Depuis ses années de complainte féministe, elle a objectivement embelli, perdu du poids, repris le sport, détendu ses traits, abandonné les cheveux bleus, opté pour une élégance assumée, une féminité gracieuse sans affèterie. Elle bosse, bouquine, creuse divers sujets, change d’avis, s’extirpe des lieux communs, publie des études à contre-courant de l’air du temps, fait des conférences : au lieu de brailler avec la meute le droit à la liberté, elle l’exerce. (Beaucoup plus rare.)
Et même, elle a retrouvé un peu d’humour.

Honoré, reviens! Il y a de si bonnes histoires à écrire.

Ouvrages cités :

D’Honoré de Balzac :
« Splendeurs et misères des courtisanes », « Le curé de Tours », « La cousine Bette », « La femme abandonnée », « La femme de trente ans », « Les illusions perdues », « Le colonel Chabert »
Et toute son œuvre, en poche (Le livre de poche), ou par coffrets chez Omnibus, La Pléiade, Classique Garnier…

« Balzac, le roman de sa vie », Stefan Zweig (Albin Michel, 1950)

La trilogie de Copenhague (I Enfance/ II Jeunesse/ III Dépendance), Tove Ditlevsen (Globe, 2023-2024)


Commentaires

4 réponses à “Splendeurs et misères du féminisme”

  1. Avatar de Didier Goux
    Didier Goux

    Heureusement que la Hanska vivait loin de Paris : ça nous permet, aujourd’hui, de lire les nombreuses lettres que lui a écrit Honoré.

    Pour la deuxième partie de ce billet, je vais bien évidemment signaler de ce pas votre cas à ces dames de MetooBlog et à celles de MetooBarreau, histoire de me couvrir…

    1. Avatar de Rosalie Niss
      Rosalie Niss

      Je n’en attendais pas moins de vous !…
      Vous avez bien raison : on peut pas tout laisser dire, à la fin.
      Comme disait Alphonse, « une fois qu’on a passé les bornes, y’a plus de limites »…
      Très amicalement
      crz

      1. Avatar de Henri Blondelle
        Henri Blondelle

        J’ai peur de devoir signaler également M. Goux aux mêmes instances pour avoir mis un lien vers cet excellent papier sur son blog et donc m’avoir fait venir ici à l’insu du même plein gré que celui de Mme Binoche ou Haenel…
        Cela dit, ce que je trouve particulièrement sidérant est la rapidité avec laquelle tout ce petit monde anciennement libertaire est devenu pudibond et inquisiteur… tout au moins avec les braguettes (ou les soutanes) des hommes blancs de plus de 50 ans.
        La Dive

  2. Avatar de Chabert Hélène
    Chabert Hélène

    Que je sache nous sommes nombreux et nombreuses à penser comme vous mais la doxa nous interdit de l’exprimer. Alors merci vivement de l’écrire

    Merci pour cet hommage à Honoré de Balzac loin du misérabilisme de ce Victor Hugo (romancier) mais plus « politiquement correct ».

    Et merci pour le renvoi à la trilogie de Tove Ditlevsen

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